Pendant
plusieurs années, j'ai tenté de suivre des programmes d'entraînement.
L'histoire se répétait sans cesse, je tenais le coup pendant quelques semaines
et puis je ralentissais le rythme. Après deux, trois ou quatre mois, j'abandonnais.
Malgré
mes échecs répétés, j'étais plus actif que la moyenne des gens. Et c'est
justement ce qui brisait mon moral. Même en étant plus actif que la moyenne,
j'étais incapable de voir des résultats satisfaisants. Malgré mes efforts, je traînais
un surplus de poids qui ne faisait pas mon affaire.
C'est
en janvier 2010 que j'ai décidé de débuter le jogging. Je n'y connaissais
strictement rien, mais ça me paraissait un bon moyen d'atteindre mes objectifs.
Je voyais souvent des gens l'été faire du jogging pendant des heures, ça
semblait facile, donc parfait pour moi! Mon niveau d'enthousiasme et de
motivation étaient aussi élevés que le mur que j'ai frappé dès ma première
séance de jogging sur tapis roulant. Je ne me souviens plus exactement de la
durée, mais j'ai couru pendant maximum 8 minutes avant de repartir la queue
entre les jambes et le moral bien bas. Déception monumentale, surtout quand tu
vois le nombre de calories sur le moniteur du tapis qui indique l'équivalent
d'un demi-croissant pas de beurre. Malgré tout, j'y retournais chaque jour, en
essayant de tenir le coup un peu plus longtemps chaque fois.
Fin
février 2010, je commençais à perdre de la motivation et à courir de moins en
moins souvent. Les bonnes intentions de la nouvelle année s'estompaient,
l'histoire se répétait. C'est à ce moment, pour une raison quelconque, que je
décide de me lancer un défi après avoir vu une émission de gens obèses à la
télé. Je m'inscris au demi-marathon de Montréal en septembre prochain! S'ils sont
capable, je suis capable aussi, voyons donc, je suis pas une moumoune! Avant
même de savoir dans quoi je m'embarque, à savoir combien de temps ça prend pour
me préparer, si j'avais les capacités de le faire, mon inscription en ligne
était faite, et je venais de l'annoncer publiquement sur Facebook (je me suis
rendu compte par la suite que Facebook est un des meilleurs outils de
motivation que j'avais eu la chance d'utiliser!). Mon voyage commençait.
Comment
me préparer? J'ai cherché un peu partout sur Internet, pour me rendre
finalement compte qu'il existe environ 1000 programmes d'entraînement
différents. Certains longs, d'autres plus courts, certains avec des
"intervalles" (AUCUNE idée c'est quoi!!), d'autre avec des fréquences
cardiaques à respecter (Mais pourquoi c'est si compliqué?), etc. Finalement, je
me rends compte que sur le site du Marathon de Montréal, il y a un plan
d'entraînement! Il est inscrit que ça prend 22 semaines de préparation. Ouf! Ça
me paraissait une éternité, et je n'avais quand même aucune idée dans quoi je
venais de m'embarquer! J'étais encore jeune et naïf.
Quatre
jours d'entraînement par semaine, chaque entraînement ayant une durée et une
vitesse à respecter en fonction de mes objectifs. À ma grande surprise, j'étais
capable de suivre le programme! En fait, j'avais sélectionné le programme le
plus lent, alors je n'avais pas vraiment de quoi me péter les bretelles. Je
devais courir l'équivalent d'une marche rapide. Je me disais que petit train va
loin et qu'il fallait suivre le plan! Après tout, si je suivais le plan à la
lettre, je serais probablement capable de faire le demi-marathon!
La
"Période de mise en forme" durait 8 semaines et se terminait par une
épreuve de 10 km. À la vitesse à laquelle je courais durant mes entraînements
jusqu'à ce moment, j'étais loin d'avoir même été proche d'atteindre 10 km. Le
problème avec cette épreuve de 10 km, c'est que le plan d'entraînement n'y
prévoit pas de vitesse ou de temps à respecter. C'était un peu stressant car
j'avais l'habitude de programmer le tapis roulant à une certaine vitesse, et à
courir jusqu'à ce que le temps soit écoulé. J'étais donc en mode improvisation.
J'ai utilisé ce que j'ai appris par la suite la bonne vieille approche du
"part en innocent, termine en innocent". Pendant 8 semaines je
m'étais entraîné à une vitesse basse et constante et en terminant mes
entraînement assez facilement. Et là, je venais de faire tout le contraire ce
que j'avais fait pendant 8 semaines. Malgré tout, j'ai terminé le 10 km de
peine et de misère. J'étais encore jeune, mais un ti-peu moins naïf. Je venais
d'apprendre ma première leçon de jogging: on doit courir MOLLO et LONGTEMPS,
c'est pas une course de 100 mètres!
Les
semaines passent, le beau temps arrive, le soleil aussi et j'ose m'aventurer sur
les pistes extérieures où j'avais vu si souvent ces coureurs les autres années.
C'est comme en ski-doo ou en bateau, semblerait qu'il y ait un code et qu'entre
joggeurs, tu te fais un "salut", un ptit signe de tête ou un ptit
smile plein de sueur. Courir à l'extérieur a été pour moi le déclanchement réel
d'une nouvelle passion qui m'habite encore en 2013. Le soleil qui plombe et qui
reflète sur le lac, le vent au visage, la musique dans les oreilles, le confort
des sentiers de terre battue, le stress qui semble si loin, tout comme le
travail, l'école et les tracas, sans oublier les joggeuses et rollerbladeuses
(conjuguer au masculin pour les filles qui lisent ce texte) et le plus
important, le sentiment de satisfaction qui nous emporte après une longue
course, écrasé dans la pelouse avec de l'eau froide (merci endorphine).
Cette
activité que je voyais initialement comme un entraînement à l'horaire était
maintenant devenue une échappatoire à mes problèmes de tous les jours, à un
moyen de me sentir bien, de me détendre, de jouer dehors, de me donner un
surplus d'énergie au quotidien, à améliorer la qualité de mon sommeil et tient
donc, sans m'en rendre compte, à perdre du poids et à améliorer ma confiance en
moi.
Au fur
et à mesure que les semaines s'écoulaient, le stress commençait à apparaître,
un peu comme un sentiment d'imposture. J'ai appris par la suite qu'il s'agit
d'un symptôme typique des coureurs, qui ont peur de ne pas en faire assez. Et
puis finalement c'est arrivé, le grand jour du Marathon de Montréal 2010.
J'étais allé dormir chez mon frère à Montréal. Avant de partir de Sherbrooke,
je crois que j'ai vérifié 50 fois le contenu de mon sac de sport pour ne rien
oublier. Je me sentais comme un petit gars de 7 ans qui s'en va à son premier tournoi
de baseball. En me rendant à l'événement par le métro, mon coeur devait battre
à 150 en étant assis sur un banc. J'étais seul au monde, avec mon petit bagage
de joggeur et ma musique dans les oreilles pour enterrer le son de mon coeur
qui tapait dans mes tympans. J'étais seul au monde mais avec les 90% des gens
dans les wagons du métro avait leur suit de jogging et leur numéro de dossard.
Tout le monde un peu stressé et nerveux, mais tellement content d'être en
direction de la ligne de départ.
Entouré
de dizaines de milliers de coureurs, on entendait le décompte.
5...4...3...2...1. Le départ était lancé! Pas seulement le départ de la course,
mais le départ d'un nouveau mode de vie, d'un nouveau moi et d'une nouvelle
passion qui me pousse cette année à me préparer pour mon premier marathon
complet, avec toutes les émotions qui vont avec!
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