Mercredi: 5.20 km
Il y a 8 ans, je terminais ma première saison de course à pied dans le but de faire mon premier demi-marathon au Marathon de Montréal. Ça fait tellement longtemps, mais c'est comme si c'était hier. Le processus était le même à ce moment qu'aujourd'hui, on se prépare pendant des mois pour essayer de réussir l'impossible.
J'ai encore aujourd'hui la conviction que je n'ai pas vraiment d'aptitudes spéciales pour la course à pied, que ce n'est pas naturel pour moi. Je demeure persuadé que la majorité des gens qui auraient suivi le même parcours que moi à travers ces 9 dernières saisons de course seraient aujourd'hui de bien meilleurs coureurs que moi.
La seule réelle aptitude que j'ai pour la course à pied, c'est la passion. La passion fait en sorte que beau temps mauvais temps, je fais mes entraînements. Elle fait en sorte que je n'abandonne pas lors d'échecs, que je prépare mes saisons, que je structure mes entraînements, qu'en vacances je traîne mon sac de sport partout. Et surtout, que malgré l'arrivée d'un petit garçon dans ma vie, je n'ai rien abandonné de tout ça.
Mon premier 5 km me paraissait impossible.
Mon premier 10 km me paraissait impossible.
Mon premier 21.1 km me paraissait impossible.
Mon premier 42.2 km me paraissait impossible.
Mon premier ultra-marathon en montagne me paraissait impossible.
Dans 6 jours, je vais me mesurer à nouveau face à mon impossible du moment. Si vous êtes parmi les 90 lecteurs qui m'avez suivi à chaque semaine dans mon aventure depuis le 1er janvier, vous savez que je m'attaque peut-être à quelque chose de trop gros dans les circonstances. J'arriverai à la ligne de départ avec un manque d'entraînement et deux blessures qui m'ont rendu fragile. Le discours typique des coureurs avant une épreuve.
Pendant 12 heures, je devrai avancer, boire et manger. Je devrai endurer des douleurs qui viennent, qui passent, qui changent de place. Je devrai aussi endurer des douleurs qui restent et qui ne se déplacent pas. J'arriverai tôt ou tard à ce moment où en regardant ma montre j'aurai un doute à savoir si j'aurai assez de temps pour réussir l'objectif pour lequel je me prépare depuis 35 semaines. Je devrai peut-être aussi faire face à la réalité où le temps me file entre les doigts et que je n'y peux plus rien. Ce sera peut-être après 3 heures. Peut-être après 7 heures. Peut-être après 11 heures et quart.
Plus ça arrive tôt, plus c'est décourageant, car il reste encore tant d'heures à terminer. À terminer pas pour rien, mais pas pour le fun non plus.
Plus ça arrive tard, plus ça brise le coeur. Être si prêt du but..
On verra ce que la passion dira à ce moment. La passion c'est un beau mot à utiliser quand tout va bien. Mais quand tu fais quelque chose pour la plaisir et que ça va mal, la passion devient un mot que tu ne sais même pu épeler.
L'an dernier je suis passé par tout ça. La passion a fait en sorte que j'ai continué d'avancer, même en pleurant. À grosses larmes. Que j'ai continué d'avancer même quand des participants me demandaient si j'allais bien, quand ils m'ont offert des trucs à boire ou à manger.
Peu importe ce qui arrive, j'aurai eu l'audace de m'inscrire pour un 100 km.
Et la cran de me présenter à la ligne de départ dans le but de le réussir.
Défi de la tortue 2017 |